2025
Project: “ Machtat ” of Kerkenah: An Empowering motherly continuum and cultural heritage/ “Machtat” de Kerkenah: Un continuum maternel et un héritage culturel valorisants
Dr. Souhir Zekri
( Maître-assistante specialisée en littérature anglaise, Institut Supérieur d’ingénierie numérique de Tunis, Université de Tunis/ Tunisie )
Souhir Zekri a obtenu un doctorat en études anglaises de l’université de Strathclyde (Glasgow, Écosse) et enseigne actuellement à l’Institut Supérieur d’Ingénierie Numérique de Tunis (Université de Tunis). Ses principaux domaines de recherche sont la théorie de l’écriture auto/biographique, la maternité et les études de genre. Elle se spécialise également dans la diaspora italienne d’Écosse et la théorie spatiale/humanités géographiques. Elle produit également des créations littéraires et se concentre sur la forme du témoignage en relation avec le thème de la maternité. Sa thèse de doctorat a été publiée sous le titre Mapping Metabiographical Heartlands in Marina Warner’s Fiction (Cartographier le Cœur des Territoires Métabiographiques dans les romans de Marina Warner) en 2019 et son prochain livre Metaphors of Motherhood in Marina Warner’s Fiction (Métaphores de la Maternité dans les romans de Marina Warner) sera publié par Routledge en 2026.

Project IRF IV : Ressources & Durabilité
Ce projet a été inspiré par « Échos de Machtat », un documentaire tunisien réalisé et produit par Maram Neiri qui a remporté le premier prix lors de la 10ème édition de Ciné Par’Court. Le mot « Machta » signifie littéralement “coiffeuse” en arabe et est défini par André Louis, Père Blanc français et historien/ethnographe des îles Kerkennah, comme « une coiffeuse » et/ou « matrone », un mot avec des connotations de maturité féminine, de dignité, et surtout ayant une position sociale imposante comme figure d’autorité. Elles sont à la fois respectées et craintes. Associées aux rites de passage féminins les plus importants, à savoir le mariage et l’accouchement (en tant que sage-femmes), ces femmes accomplissent de nombreuses tâches et font preuve, selon Louis, de « talents multiples » (137). Parmi ces tâches, on peut citer l’habillage et la parure de la mariée (coiffure, henné, robe traditionnelle, bijoux, etc.), l’encadrement des fêtes, la musique et le chant lors des différentes étapes du mariage.
La première implication socioculturelle de la « Machta » dans ce contexte est la préservation et la construction continue de la communauté féminine locale et de son folklore, à la fois oral et concret. La seconde implication est son potentiel pour ce qui est de l’autonomisation des femmes et les répercussions positives de cette dernière sur les inégalités régionales et culturelles. Ce qui est intéressant est que ces femmes existent dans différents pays, villes et régions du Maghreb, chacune possédant son propre nom ou titre et ses propres chansons, que ce soit en Tunisie, en Algérie, au Maroc ou en Libye. Elles jouent un rôle tout aussi important dans d’autres rites de passage tels que la circoncision et la mort par les pleurs lors des funérailles. Une étude comparative des rôles et des fonctions des Machtat dans les différentes régions du Sahel (et éventuellement dans d’autres pays du Maghreb) serait bénéfique pour l’histoire culturelle, ethnographique et folklorique de Kerkennah en particulier, et de la Tunisie en général. Le documentaire de Neiri sera mon point de départ, car ma recherche se concentrera sur diverses références visuelles, orales et écrites.