2025
Project: Entre l’esthétique de la démocratisation et l’apparence du développement : les arts publics contemporains en Tunisie après la révolution
Dr. Justin Skye Malachowski
(Institut de sociologie et d’organisation culturelle, Université Leuphana / …)
Justin Malachowski est chercheur postdoctoral à l’Institut de sociologie et d’organisation culturelle de l’Université Leuphana. Il est titulaire d’un doctorat en anthropologie sociale de l’Université de Californie à Davis. Ses recherches portent sur les thèmes de l’art, des médias, de l’urbanisme, du développement et de la vie familiale. Malachowski mène depuis plus de dix ans une recherche ethnographique de longue durée en Tunisie, portant sur la transformation de l’art contemporain à la suite de la révolution de 2011. Son travail actuel s’intéresse au développement culturel en Afrique du Nord et à la circulation des discours artistiques du Sud global en Europe. En plus de ses recherches académiques, Malachowski est également artiste et commissaire d’exposition. Parmi ses publications récentes figurent « Staging Arts in the Historic City: Development Funding, Social Media Images, and Tunisia’s Contemporary Public Art Scene » (Journal of City and Society, 2022) et « My Cigarette Wife and Other Queer Tales of Kinship from Tunisia’s Contemporary Public Art Scene » (Journal of Contemporary Ethnography).

Project IRF: Esthétique et pratiques culturelles ; Inégalités et mobilités ; Mémoire et justice ; Ressources et durabilité ; Identités et croyances
Dans le cadre de la bourse MECAM « Imaginer les futurs : faire face aux disparités », Justin Malachowski développera un manuscrit basé sur quatre années de recherche ethnographique sur la scène des arts publics contemporains en Tunisie. Ce projet explore comment l’art public est devenu un espace central pour imaginer et mettre en œuvre des futurs alternatifs dans le sillage de la révolution de 2011. Il retrace l’expansion rapide du secteur artistique dans le contexte plus large d’une transformation de la société civile, façonnée par une libéralisation politique, des agendas de développement internationaux et des évolutions juridiques.
L’ouvrage analyse la manière dont les pratiques artistiques publiques s’inscrivent dans des débats de longue date autour de l’identité nationale, de la mémoire historique et du patrimoine culturel, tout en répondant à de nouveaux défis liés au financement étranger, au contrôle politique et à la précarité économique. Une attention particulière est portée aux stratégies par lesquelles les artistes et acteurs culturels négocient les exigences parfois contradictoires des bailleurs internationaux, des communautés locales et de l’État. L’art public devient ainsi un vecteur d’expérimentation esthétique autant qu’un champ de confrontation politique.
S’appuyant sur un travail ethnographique mené sur plus d’une décennie, le manuscrit analyse comment les initiatives artistiques articulent des visions de transformation sociale enracinées dans les contextes locaux, tout en étant profondément influencées par les discours globaux sur le développement, la participation et la décolonialité. Il engage une réflexion critique sur la manière dont ces dynamiques façonnent les formes et les contenus de l’art contemporain en Tunisie, révélant les tensions entre souveraineté, autonomie culturelle et influence transnationale.
En replaçant la scène artistique tunisienne dans des cadres régionaux et globaux, le livre contribuera aux débats interdisciplinaires en anthropologie, histoire de l’art, études culturelles et études du développement. Il propose une analyse ancrée du rôle de l’art dans la médiation des questions de futur, d’identité et de gouvernance dans les contextes postrévolutionnaires, et vise à éclairer les politiques culturelles du Sud global.