Mobilité et frontières : Quels enjeux pour les artistes du sud?
Cette rencontre vise à créer une plateforme d’échanges entre la communauté scientifique et les acteur.rice.s du milieu culturel, politique et de la société civile.
Interroger les enjeux de circulation des artistes tunisien.ne.s et plus largement des artistes des pays arabophones est au cœur de cette discussion proposée par le MECAM, en collaboration avec le Théâtre El Hamra. La mobilité des artistes est au cœur de la pratique artistique, des processus de formation et de création. Or les inégalités persistantes dans l’accès à ces circulations impactent le milieu culturel tunisien. Ces inégalités, renforcées dans le contexte post-COVID 19, se matérialisent notamment dans les difficultés d’accès aux visas, dans l’augmentation des coûts de voyage au détriment des artistes des Suds. Mais ces enjeux de disparité se remarquent également dans les attentes artistiques et esthétiques. Les financements et les opportunités de programmation sur les scènes internationales se limitent souvent à des perceptions centrées sur les identités et les contextes socio-politiques tels qu’ils sont perçus à l’extérieur. Comment les artistes et les institutions artistiques et culturelles développent leur pratique en coopération et en résistance face à ces enjeux ? Cette question et ces enjeux seront discutées par trois intervenantes : Cyrinne Douss, Cyrine Gannoun et Ophélie Mercier et modérée par Vanessa Barisch. Un échange avec le public sera ensuite organisé pour élargir le débat.
La chorégraphe et danseuse tuniso-française Cyrinne Douss participera au débat en évoquant son parcours, son positionnement personnel et sa démarche artistique. En tant que bi-nationale, elle partagera son regard et son vécu sur les questions identitaires d’une part et d’autre de la méditerranée et nous permettra de discuter notamment de la notion de « out-group ».
A l’issue de la discussion, Cyrinne Douss présentera sa performance « Je ne suis pas blanche – بيضاء مانيش » comme un prolongement possible du débat.
Cyrine Gannoun est une artiste basée en Tunisie. Elle remarque que faire des performances en Europe est devenu encore plus difficile dès le début de la pandémie Covid-19. Les processus du visa sont encore plus restrictifs, et à cause des formats hybrides, les artistes de dehors de l’espace Schengen reçoivent de moins en moins d’invitation pour participer personnellement dans des festivals. En plus, il y a beaucoup de moments d’éxotisation en travaillant avec le Nord Globale. A part de sa carrière artistique, Cyrine Gannoun travaille dans la coordination du Théâtre El Hamra et elle organise le Festival Jeunes Artistes étant une plateforme de formation pour des artistes africains et tunisiens. La gestion de ces projets représente également un défi dans ce contexte.
Ophélie Mercier est doctorante à Ghent University (Belgique) et associée au Centre Marc Bloch à Berlin où elle réside. Elle a travaillé au Caire de 2013 à 2016 en tant que comédienne (spectacles de clowns et théâtre de rue) et animatrice d’ateliers de théâtre social avec le collectif Outa Hamra. Sa thèse en Anthropologie porte sur les trajectoires d’artistes égyptien.e.s qui se sont installé.es en Europe (principalement à Berlin et à Marseille) depuis 2013. A partir de l’étude de leur parcours biographiques et de leurs productions artistiques, cette recherche vise à comprendre comment l’expérience de mobilité affecte les reconfigurations des pratiques artistiques. A travers l’exemple du milieu culturel égyptien et des artistes installés à Berlin, Ophélie Mercier expliquera comment les artistes questionnent les assignations identitaires et les inégalités à travers leurs pratiques.
Dans cette Rencontre Ibn Khaldoun, on vise à discuter les différents points de vue sur la thématique sur deux niveaux : Premièrement, l’influence des thèmes de la (dé-)colonisation, la mobilité, les frontières et les attributions identitaires sur le travail artistique en particulier l’art performative ; deuxièmement, l’impact des macrostructures comme les régimes frontaliers, les financements, les stéréotypes envers une différence de la qualité de formation artistique au Nord et au Sud Global dans un environnement affectés par des structures coloniales.
« JE NE SUIS PAS BLANCHE | بيضاء مانيش » est une création pluridisciplinaire qui circule entre le chant, la danse, le texte et la performance. Comment cerner nos impasses ? Comment affronter nos zones d’ombre intimes et collectives ? Pour y répondre, seule en scène, Cyrinne Douss se livre à un processus de métamorphose et de résistance.
Entre puissances et vulnérabilités, elle invite au déplacement, pour mieux embrasser nos réalités partagées.