2025
Project: Une généalogie coloniale du régime du passeport au Maghreb à travers le cas du Maroc (1915-1956)
Dr. Yazid Benhadda
( Université d’Exeter et Marburg University /Allemagne )
Yazid Benhadda est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et relations internationales de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni). Ses recherches se situent à l’intersection des études critiques sur la sécurité, de l’histoire des migrations coloniales et des études nord-africaines. Pendant son séjour à Exeter, il a également travaillé comme chargé d’enseignement au sein de la même université. Il a été chercheur invité à l’Université de Marbourg dans le cadre du programme CRC138 « Dynamics of Security ». Ses travaux ont été publiés dans International Political Sociology et Migration Studies.

Project IRF III : Memory & Justice
Les passeports sont aujourd’hui un document normalisé que les individus dans les sociétés occidentales remettent rarement en question. Le passeport est le document le plus déterminant qui façonne et limite nos droits à la mobilité internationale en tant qu’êtres humains. Ce document s’est imposé comme le document central du régime contemporain de mobilité globale. Les passeports ont été étudiés dans les contextes européens et occidentaux. Cependant, leur imposition dans le reste du monde à travers l’entreprise coloniale a rarement été étudiée. C’est d’autant plus vrai pour le Maghreb, où aucune étude n’a été réalisée sur le passeport. En raison de la nature fortement racialisée des régimes de passeport et de visa, le passeport et les implications de mobilité – ou plutôt d’immobilité – qu’il matérialise se font particulièrement ressentir dans ces sociétés (post)colonisées, y compris au Maghreb. Ainsi, les passeports occupent une place centrale dans la manière dont beaucoup, dans les sociétés (post)colonisées, imaginent et perçoivent la mobilité internationale. Étudier le passeport dans des contextes (post)coloniaux devient un enjeu crucial pour comprendre les (im)mobilités globales. Dans ce cadre, une partie importante de l’étude de ce document consiste à comprendre son imposition à travers l’entreprise coloniale. Cette recherche propose d’examiner le cas spécifique du passeport chérifien marocain. Ce document a été mis en place par les autorités françaises au Maroc en 1931 et est resté un outil essentiel tout au long de la période coloniale, qui s’est achevée en 1956. Dans cette recherche, j’explorerai les questions suivantes : comment peut-on saisir les enjeux de (dé)mobilité et d’identification en situation coloniale à travers ce document ? Comment les catégories de race, de genre et de classe ont-elles façonné ce document ? Que peut nous révéler cette étude sur les régimes actuels de passeport/visa dans un contexte (post)colonial ? Pour explorer ces questions, j’utiliserai des matériaux d’archives collectés aux Archives diplomatiques de Nantes, aux Services historiques du ministère des Armées, aux Archives nationales françaises, ainsi qu’à l’Archivo General de la Administración en Espagne, parmi d’autres sites.